Chers membres du SEVL-SCFP-2815,
Le communiqué de l’Employeur du 10 juillet dernier ne mérite pas de réponse, mais par respect pour nos membres, vous méritez la vérité!
Nos dernières communications ont souvent évoqué certaines caractéristiques qui définissent clairement notre milieu de travail : intimidation, quérulence, vengeance, incohérence, ironie… Mais rien ne vaut des exemples clairs pour éclaircir des allégations tendancieuses, voire fallacieuses!
Veuillez donc lire attentivement!
Qu’est-ce que de l’intimidation?
Les faits : Le 3 juillet 2024, un dirigeant d’un sous-traitant de Gatineau (RT Tech Solutions) s’est présenté au domicile de notre collègue Nicolas Garneau, de la Qualité technique, actuellement en lock-out à Gatineau. Tout en filmant, la première question qu’il a posée est la suivante : « Est-ce que tu sais qui je suis? » Lorsque notre collègue a demandé la raison de cette visite, la réponse fut : « Je voulais juste confirmer ton adresse… » Non seulement l’intrus s’est permis cette intrusion dans la vie privée de notre collègue, mais il était également accompagné d’un fier-à-bras. Une prise de bec et des échanges d’insultes s’en sont suivis, mais dans les faits, soyons clairs : un sous-traitant accompagné d’un fier-à-bras qui se rend chez un de nos membres en lock-out, c’est de l’intimidation!
L’intimidation, c’est un directeur des relations de travail qui avoue à la table de négociation que les employé(e)s de Gatineau auraient dû comprendre qu’un refus de la proposition de l’Employeur du 10 octobre 2023 signifiait un lock-out… Et que si cela avait été possible, cette menace aurait été clairement indiquée dans la proposition!
L’intimidation, c’est se servir de la négociation de Gatineau et prendre 214 personnes et leurs familles en otage pour adresser des enjeux qui concernent la juridiction de Montréal (Région Ouest).
L’intimidation, c’est menacer et isoler des représentants syndicaux sous de faux prétextes.
L’intimidation, c’est aussi un Employeur qui s’attaque aux droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs, notamment le droit d’association, en souhaitant déstabiliser et affaiblir le Syndicat. Chez Québecor, il y a une constance : on n’aime pas les syndicats!
L’intimidation, c’est le lock-out de 13 mois chez Vidéotron en 2002, suivi du lock-out au Journal de Québec et celui au Journal de Montréal. C’est cet autre lock-out que nous vivons aujourd’hui avec nos collègues de Gatineau et c’est l’ultimatum soumis à nos camarades de TVA récemment, dont 547 d’entre eux étaient tristement liés à un licenciement. Il y a un dénominateur commun à tous ces conflits, et ce n’est pas Québecor mais un simple acronyme à trois lettres.
Qu’est-ce que de la quérulence?
On définit la quérulence comme étant la soif de justice d’un individu qui exerce son droit d’ester en justice de manière excessive ou déraisonnable. À cet égard, le Syndicat tient à rappeler que l’Employeur agit et le Syndicat réagit!
D’abord, corrigeons encore une fois les allégations de l’Employeur. Le Syndicat (Région Ouest et Secteur Laurentien confondus, en d’autres termes, Montréal et Gatineau) compte actuellement plus ou moins 3 252 griefs actifs (dont plus ou moins 500 pour Gatineau). Ce qui est déjà significativement différent des chiffres avancés par l’Employeur. D’autre part, il est important de préciser que tous ces griefs découlent de plus de 11 000 événements recensés depuis 2015. Un événement signifie le déclenchement d’une enquête par le Syndicat. Le Syndicat a donc dû procéder à plus de 11 000 enquêtes de griefs en conformité avec son devoir de juste représentation que lui confère son accréditation octroyée par le Conseil canadien des relations industrielles. En résumé, si les parties se retrouvent dans la situation actuelle, c’est d’abord et avant tout parce que Vidéotron, à titre d’Employeur, est une organisation axée sur la coercition et la répression.
Avec ce style de gestion, est-ce que Vidéotron est une entreprise plus performante que ses compétiteurs dans le grand marché des télécoms? Ou est-ce simplement un trait de personnalité axé sur la domination et la confrontation qui se transmet dans toute l’organisation, du haut vers le bas? Cette question est pertinente et mérite d’être adressée par la direction.
Pour ce qui est de nos amis du SCFP-1417 à Québec et Chicoutimi, nous nous réjouissons pour eux si les relations de travail sont harmonieuses et que cela limite le nombre de griefs actifs. Mis à part les clauses remorques récurrentes que Vidéotron leur concède afin de bénéficier de nos gains, nous sommes curieux de connaître leur recette, ce qui nous permettrait peut-être de comprendre pourquoi l’Employeur apprécie autant cette relation.
La quérulence, c’est aussi multiplier les objections préliminaires lors des audiences en arbitrage et abuser des règles de preuve et de procédures.
La quérulence, c’est aussi exiger la reprise complète de plusieurs jours d’arbitrage en raison du décès soudain de l’arbitre, plutôt que d’accepter de soumettre l’ensemble de la preuve à un nouvel arbitre afin qu’il puisse rendre une décision.
La quérulence, c’est aussi être représenté par des « équipes » de procureurs. Cela peut aussi s’apparenter à de l’intimidation.
La quérulence, c’est croire que l’on a toujours raison!
La quérulence, c’est multiplier les interventions devant les instances du CCRI et des nombreux paliers de gouvernement pour se plaindre de tout et de rien afin d’en retirer le statut de victime et quémander du support financier public.
La quérulence, c’est aussi un Directeur des relations de travail patronal qui exprime clairement qu’il n’a pas l’intention de respecter la convention collective parce qu’elle a été négociée par ses prédécesseurs!
Qu’est-ce que revanchard?
Personne qui cherche à prendre une revanche ou qui a soif de vengeance.
Cela se manifeste notamment lorsque nos collègues de Gatineau refusent la proposition du 10 octobre 2023 (voté à 74% contre), et que l’Employeur réplique avec son lock-out déclenché le matin du 30 octobre!
C’est aussi un employeur qui maintient un lock-out injustifié en réaction au résultat d’un vote de 90% des employé(e)s qui se sont à nouveau prononcés contre les propositions intransigeantes de l’Employeur et qui mandatent leur Syndicat à ne pas céder à l’intimidation.
C’est aussi le comportement d’un employeur qui doit faire face, à son grand désarroi, à un syndicat, ses représentants syndicaux et l’ensemble de ses membres qui se tiennent debout devant toute tentative d’intimidation.
Qu’est-ce que l’incohérence?
L’incohérence est essentiellement un manque de logique et se manifeste notamment lorsque deux situations similaires produisent un résultat différent.
À titre d’exemple, en décembre dernier, un collègue de Gatineau en lock-out a été congédié sur les lignes de piquetage pour avoir présumément fait un signe de violence à l’endroit d’un sous-traitant (travailleur de remplacement = scab) qui circulait dans son véhicule de service. Pour l’Employeur, il s’agit d’un manquement grave à sa politique corporative sur la prévention du harcèlement et de la violence en milieu de travail. Tandis que le 3 juillet dernier, un sous-traitant accompagné d’un fier-à-bras, qui se rend chez un de nos membres en lock-out pour régler des comptes et l’intimider, pour l’Employeur, il s’agit d’une simple tentative de discussion. Pourtant Vidéotron proclame haut et fort que sa politique s’adresse à tous les employé(e)s et sous-traitants de Vidéotron! Deux poids, deux mesures!
L’incohérence, c’est un employeur qui dénonce un nombre élevé de griefs tout en multipliant lui-même les infractions à la convention collective et les avis disciplinaires.
L’incohérence, c’est un employeur qui dénonce le manque de collaboration du syndicat mais ignore celui-ci dans sa gestion et l’évolution de ses opérations.
L’incohérence, c’est aussi de vouloir isoler et diaboliser tout ce que représente le Syndicat malgré toutes les ententes conclues depuis les 60 dernières années entre l’Employeur et le Syndicat pour faire de cette entreprise le joyau du Québec que nous connaissons aujourd’hui.
Et pour l’ironie…
L’ironie, c’est un employeur qui envoie 214 employé(e)s en lock-out et leur reproche de faire du piquetage, de faire du bruit et de scander des slogans…
L’ironie, c’est aussi un employeur qui prétend que laisser un accroche-porte comme le font régulièrement les techniciens de la QT, c’est de l’intimidation… Mais recevoir la visite de deux matamores à son domicile ne l’est pas!
L’ironie, c’est aussi Vidéotron qui tient à vous rappeler qu’elle ne tolère aucune forme d’intimidation et de violence… sauf celle qui pourrait peut-être provenir directement d’elle ou d’un de ses sous-traitants envers ces « marginaux » que nous appelons plus respectueusement « nos collègues de Gatineau en lock-out ».
L’ironie, c’est aussi un employeur qui parle de progrès important à la table de négociation dans un communiqué mais qui n’a fait aucun compromis, qui refuse de rencontrer le syndicat depuis le 9 avril et qui tient un discours complètement différent à la table de négociation… Certaines personnes pourraient aussi qualifier cela de mensonge possible!
L’ironie, c’est lorsque l’Employeur prétend que les relations de travail sont harmonieuses à Québec et acrimonieuses à Montréal, en oubliant de mentionner qu’il manipule les deux groupes en faisant des cadeaux à un et des jambettes à l’autre (nous vous reviendrons éventuellement avec les détails de certains dossiers!).
L’ironie, c’est aussi le Syndicat qui est toujours en attente que l’Employeur condamne, en vertu de sa politique, l’intimidation exercée par un sous-traitant à l’endroit d’un de ses propres employé(e)s.
L’ironie, c’est aussi un directeur des relations de travail qui dénonce de mauvaises relations de travail, des négociations difficiles, une accumulation de griefs, etc., mais qui semble oublier qu’il est un acteur dans cette pièce et refuse de tenir des rencontres de relations de travail (CRT) puisqu’il n’y a pas d’obligation en ce sens prévue à la convention collective.
Enfin, la vérité, c’est aussi rappeler à l’Employeur qu’absolument RIEN n’est réglé à la table de négociation de Gatineau tant qu’une entente globale ne sera pas intervenue et que les réjouissances devront encore attendre.
Comme dit le proverbe, « Tout ce qui traîne, se salit! ». C’est malheureusement ce qui semble se produire avec une escalade de recours de part et d’autre. La vérité, c’est que le Syndicat est toujours disponible depuis le 9 avril pour poursuivre les discussions et qu’au moindre signal positif de l’Employeur, nous mettrons tout en œuvre pour tenter de résoudre ce conflit et ramener nos collègues au travail.
Solidairement,
Nick Mingione, président
Syndicat des Employé(e)s de Vidéotron Ltée SEVL-SCFP-2815