« Je me rappelle du combat que j’ai dû mener au début de ma transition, ce combat avait lieu avec moi-même. Je débutais un long chemin parcouru d’embûches vers l’acceptation de soi-même.
J’avais honte, honte de ne pas être comme tout le monde, honte du regard que la société me porterait, honte de juste exister. Mais avec persévérance, soutien et acharnement, je suis passée à travers mes préjugés, car moi-même, j’en avais face à ce phénomène. J’ai longtemps eu l’impression d’être une bête de foire, le genre de personne qu’on exhibe devant les foules en guise de divertissement.
À l’époque, la société avait en général une saine curiosité et l’on sentait un peu partout que les gens nous soutenaient. Tous ne comprenaient pas tous les rouages de ce par quoi nous devions passer, mais la majorité avait une bonne idée du défi que cela représentait.
Est-ce que la haine existait à l’époque? Bien sûr, elle a toujours été présente, mais elle était moins fréquente. La plupart d’entre nous arrivaient à faire notre vie tranquille.
Depuis 2023, elle s’insinue de manière incisive dans nos médias sociaux, dans nos familles, dans nos milieux de travail. Chaque jour, je croise un commentaire empreint de frustration, de haine, d’incompréhension. C’est à un tel point présent que j’ai développé un mécanisme d’évitement. Dès que je vois un sujet, une nouvelle qui en parle, je m’épargne d’aller lire. Pourquoi, diriez-vous? C’est chaque fois un mini-coup de poignard dans l’estime de soi. Chaque fois, un peu plus de haine envers soi-même.
Alors souvenons-nous, souvenons-nous que chacun d’entre nous cherche ni plus ni moins la même chose que vous : vivre sa vie sans être pointé du doigt, vivre sa vie sans se sentir menacé. Un peu de bienveillance envers tout le monde, dans ce monde où tout est hyperpolarisé, serait nécessaire. Souvenez-vous que ce que vous dites, faites ou ne faites pas en laissant aller des comportements répréhensibles a un impact chez les gens. Ces impacts laissent des marques profondes.
Alors en ce jour du souvenir trans, souvenons-nous. Souvenons-nous que nous aspirons tous aux mêmes choses : un monde meilleur, un monde plus bienveillant. »
